Grande-Bretagne
Le rapport sur la destruction des forêts tropicales que publieront conjointement la Communauté européenne et le Fonds mondial pour la nature en juillet sera une version fortement édulcorée. Le document original, rédigé en 1997, devait inclure le nom de plusieurs multinationales aux pratiques destructrices ainsi que de plusieurs gouvernements fermant les yeux sur ces pratiques contre des pots-de-vin. L'organisation a préféré reculer sur ce point, de peur d'être traînée en justice.
Certaines entreprises, en effet, sont très portées sur les tribunaux et ont poursuivi d'autres groupes environnementaux dans le passé. Certains pays auraient aussi pu fermer leurs locaux. Même dans sa version expurgée, le document sera extrêmement dur. Les compagnies forestières et les États ne seront pas les seuls à y être visés. Les pratiques de certains organismes, comme le Fonds monétaire international et le Banque mondiale contribueraient aussi à la destruction des forêts tropicales.
La situation est si mauvaise que, si rien n'est fait, la forêt vierge disparaîtra d'ici cinq à dix ans dans onze pays : le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo, le Belize, le Surinam, la Guyana, la Poupouasie Nouvelle-Guinée et les îles Salomon. Le rapport suggère un moratoire immédiat sur l'exploitation forestière dans ces pays, le temps d'y mettre un peu d'ordre.
Le document rapporte aussi que dans de nombreuses nations, les décisions sont prises par un petit groupe d'individus puissants ou de clans qui voient la forêt comme une source de revenu personnel à court terme. Et une fois le couvert végétal dévasté, la récupération est aléatoire. Les coupes ouvrent la voie à l'activité minière et à l'agriculture. Les conflits entre ces nouveaux arrivants et les populations d'origine donnent parfois lieu à de violents affrontements.
Philippe Gauthier