États-Unis
Un quotidien russe révélait récemment que les Soviétiques avaient lancé, il y a vingt-cinq ans, une station orbitale équipée d'un canon destiné à contrer l'éventuelle attaque d'un vaisseau américain! L'édition du 21 novembre du Komsomolskaya Pravda confirmait ainsi ce que soupçonnaient quelques rares experts occidentaux.
En 1974, l'URSS plaçait en orbite la station Saliout 3 dotée d'une puissante caméra afin d'observer les installations militaires adverses dans leurs moindres détails. Mais, surtout, Saliout était munie d'un "système d'autodéfense", c'est-à-dire d'un canon capable de détruire une cabine Apollo qui aurait eu le malheur de s'approcher de l'engin militaire. Le journal précise que Zarya â le premier module de la Station spatiale internationale â est un descendant direct de ce Saliout militaire.
L'article évoque de la sorte une période pas si lointaine, mais révolue, où Américains et Soviétiques vivaient dans un état de réelle paranoïa. Ainsi, dans les années 1970, les Soviétiques considéraient la Navette américaine (alors en développement) comme un engin principalement voué à attaquer leurs satellitesâ¦.
C'est dire tout le chemin parcouru depuis! La grande première réalisée dimanche soir en est la plus éclatante démonstration. En effet, au moment prévu, l'astronaute Nancy Currie a saisit Zarya grâce au Canadarm et l'a très précisément placé au-dessus du module Unity, positionné hors de la soute d'Endeavour. La capture historique d'un engin russe par une navette américaine est survenue à 18h47, heure avancée de l'est, au moment où Endeavour survolait la Russie.
La manoeuvre concluait un véritable ballet cosmique commencé sept heures auparavant, alors qu'Endeavour s'approchait doucement de Zarya. Pendant que le commandant Bob Cabana et le pilote Rick Sturckow manoeuvraient l'orbiteur, Jerry Ross, Jim Newman et Sergei Krikalev utilisaient une panoplie d'appareils de mesure (dont le système de vision spatiale de conception canadienne) pour évaluer la distance et la vitesse séparant les deux engins.
Parvenue à une quinzaine de mètres de Zarya, Nancy Currie a saisit le module russe de 21 tonnes qui représente la plus lourde charge jamais manoeuvrée par un Canadarm. Elle l'a ensuite placée à cinq centimètres au-dessus d'Unity et le commandant a actionné les moteurs d'Endeavour, provoquant la collision qui a joint définitivement les deux premiers morceaux de la Station spatiale internationale.
La station embryonnaire mesure 25 mètres de long et pèse 35 tonnes. Lorsqu'elle sera achevée, vers 2004, ISS comprendra une trentaine d'éléments principaux, mesurera 100 mètres et pèsera 450 tonnes.
Pour l'heure, le tandem Zarya-Unity demeurera rivé à la soute d'Endeavour toute la semaine. Les astronautes Ross et Newman sortiront trois fois dans l'espace afin d'établir des liens électriques et électroniques entre les deux éléments. Jeudi l'équipage visitera pour la première fois l'intérieur de la nouvelle station. L'ensemble orbiteur-station gravite à 386 kilomètres d'altitude et fait le tour de la Terre toutes les 91 minutes.
Claude Lafleur