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« Société d'état fondée à l'origine comme organisme de contrôle, la SAQ a aujourd'hui des pratiques commerciales analogues aux autres entreprises de biens et de services", a indiqué le directeur scientifique de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Réal Morin, qui donnait une conférence sur la consommation d'alcool au Québec et sur les pratiques commerciales de la SAQ. Cet exposé s'inscrit dans le cadre du forum mondial des drogues et dépendances, qui se tient du 22 au 27 septembre, au Palais des congrès de Montréal.

Dans les années 1960, en plus de vendre des boissons alccolisées, la société d'état s'impliquait beaucoup dans la prévention en finançant des études sur la consommation d'alcool. Maintenant, les mandats de prévention et de promotion ayant été séparés, le financement de la recherche sur l'alcool est insuffisant.

Réal Morin a montré que l'accès à l'alcool est un facteur déterminant dans la consommation de celui-ci. D'après les données de Statistiques Canada, datant de 1998, les ventes d'alcool se sont accrues depuis 1993 au Québec, malgré la hausse des prix. « Le prix de l'alcool a augmenté deux fois plus vite que l'indice des prix à la consommation », a souligné Réal Morin. « Mais avec les fréquents rabais sur les prix des boissons alcoolisées de la SAQ et les facilités de paiement, le consommateur croit que l'alcool est plus accessible sur le plan économique », a-t-il ajouté. En Ontario, les rabais sur les prix sont interdits et les points de vente, moins nombreux. Au Québec, on dénombre 380 succursales de la SAQ, 9 200 épiceries et dépanneurs, ainsi que 14 000 hôtels, restaurants et bars qui vendent de l'alcool. « Sans compter que ces établissements restent ouverts de plus en plus tard. Depuis 1998, les SAQ express sont ouvertes sept jours sur sept, jusqu'à 22 heures», a précisé Claude Bégin, collaborateur de Réal Morin.

« Je ne dis pas que la SAQ incite les gens à boire et les rend malades mais la compagnie propose des produits plus accessibles qu'avant », a affirmé le directeur de l'INSPQ. 

Aurélie Deléglise