États-Unis
Plus besoin de stimulateur cardiaque électronique ! Chercheur à l'Institut de cardiobiologie moléculaire de l'Université John Hopkins, à Baltimore, dans le Maryland, Eduardo Marbàn a montré que toutes les cellules cardiaques peuvent jouer le rôle de stimulateur, qui a pour but d'envoyer une impulsion électrique au coeur pour que celui-ci se contracte. C'est ce qu'il annonce dans la revue Nature du 12 septembre.
La partie véritablement active du coeur, le myocarde, est constituée de trois types de cellules : les cellules musculaires cardiaques, les cellules nodales et les cellules endocrines cardiaques. Au stade embryonnaire, chacune de ces cellules peut produire l'impulsion électrique qui provoque la contraction du coeur. Mais au cours du développement, seul les cellules nodales conservent cette aptitude. Ces cellules spécialisées assurent donc la fonction de stimulateur cardiaque.
Chez des cobayes animaux, le cardiobiologiste a restauré cette capacité de déclencher la contraction du myocarde dans les autres cellules du muscle cardiaque où elle se trouvait bloquée. Il a isolé le gène Kir2 grâce auquel cette transformation est possible, puis l'a inséré dans le coeur des cobayes. Trois jours plus tard, il a observé de nouvelles impulsions électriques générées par les cellules modifiées dans le coeur des animaux.
A l'état normal, le coeur crée naturellement un influx nerveux qui traverse les différentes cavités (oreillettes et ventricules). Celui-ci naît en haut de l'oreillette droite puis traverse les oreillettes, qui se contractent de manière à évacuer le sang dans les ventricules. Ces derniers se contractent à leur tour pour éjecter le sang dans les artères. La décontraction suit, laissant le temps au sang de s'accumuler dans les oreillettes et le cycle reprend. Dans le cas où cet influx nerveux ne peut pas cheminer normalement dans le coeur, le malade perd connaissance ou fait une syncope et risque la mort. L'implantation d'un stimulateur cardiaque électronique permet alors d'assurer sa survie, en évitant l'arrêt de la circulation.
L'application clinique de ces travaux n'est pas pour demain. Elle nécessitera encore plusieurs années.
Aurélie Deléglise