Australie
Dans une étude unique en son genre, une chercheuse australienne enterre des cadavres de kangourous est essaie de les retrouver à l'aide d'appareils. L'objectif consiste à développer des méthodes qui permettront à la police de retrouver les corps ensevelis dans les affaires de meurtres qui restent ouvertes parce qu'aucun cadavre n'a été retrouvé. Bien que des travaux semblables aient été conduits à l'étranger, le contexte australien est particulier et exige une réévaluation des techniques.
Kathy Powell, de l'Université d'Adelaide, a installé un faux cimetière sur l'un des campus de l'établissement. Elle y a enterré des restes de kangourous et de porcs, qui se transforment lentement en squelettes. La chercheuse tente ensuite de retrouver ces corps uniquement à l'aide de ses appareils. Il s'agit principalement de dispositifs conçus pour l'exploration géologique, qu'on essaie de recalibrer pour cet usage.
L'un des appareils utilisés est une sorte de radar dont les ondes pénètrent le sol. Son utilisation est capricieuse, car il capte aussi les racines des arbres, dont les formes sont difficiles à distinguer de celles des os. D'autres instruments géophysiques sont aussi à l'essai, mais ils sont conçu pour détecter des minéraux à grande profondeur, pas près de la surface comme avec un corps enseveli.
La chercheuse essaie de retrouver des squelettes, pas des corps en décomposition. Mais les traces de décomposition peuvent aider à retrouver les ossements. Il semble, par exemple, que la végétation qui pousse sur une telle tombe est légèrement différente de ce que l'on retrouve ailleurs. Par contre, le sol ne semble pas se compacter lorsque le corps se décompose, un indice fréquemment utilisé à l'étranger.
Pour tester à fond ses instruments, Kathy Powell a enterré ses kangourous morts dans trois environnements différents. L'une des tombes se trouve sous un arbre, l'autre près d'un tronc abattu et la dernière, au milieu d'un champ. Repérer tous ces corps ne sera pas facile. Éventuellement, il faudra répéter l'expérience avec des restes humains enterrés dans un cimetière afin de valider les techniques de détection de manière définitive.
Philippe Gauthier