Botswana 

Les babouins communiquent par divers cris et aboiements, soit. Mais comprennent-ils comment ces cris peuvent influencer leurs congénères? Non, croient Drew et Karen Rendall, qui ont passé 14 mois à les observer au Botswana. Les babouins n'ont pas un esprit assez développé pour comprendre que les autres ont des connaissances, des pensées et des émotions qui leur sont propres, soutiennent les chercheurs dans le Journal of Comparative Psychology.

L'étude repose surtout sur le comportement des guenons et de leur petits. Lorsque les jeunes sont séparés de leur mère, ils poussent des cris. Les femelles sont sensibles à ces appels – se mettant souvent en route pour rejoindre leur enfant perdu – mais elles n'y répondent jamais. Elles ne comprennent pas que leur petit saura où elles sont si elles le font. Résultat : ceux-ci errent un peu au hasard.

Il y a peut-être des raisons pratiques pour lesquelles les mères ne répondent pas à ces appels. On peut, par exemple, imaginer que ces échanges entre animaux en détresse attireraient trop les prédateurs. Mais les chercheurs croient que quelque chose de plus fondamental est en jeu : les babouins ne comprennent tout simplement pas qu'ils peuvent influencer les autres de cette façon, même s'ils tirent eux-mêmes de l'information utile des cris des autres.

Cette découverte met en lumière certains des mécanismes de la communication chez les primates, homme y compris. On sait notamment que chez notre espèce, les jeunes comprennent dès l'âge de quatre ans que les autres sont dotés d'un esprit autonome qui leur permet de penser, de se souvenir, de déduire ou même de mentir. Les autres primates semblent beaucoup moins évolués de ce côté. 

Philippe Gauthier