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Au cours des dernières années, de nombreuses études cliniques ont montré que le chitosane, un polymère biodégradable tiré de la carapace des crevettes, peut faire diminuer le taux de cholestérol. Des chercheurs de l'Université de Sherbrooke viennent de terminer la mise au point d'un procédé permettant de produire en peu de temps de grandes quantités de chitosane.
Jean-Guy Lehoux et Gilles Dupuis, de la Faculté de médecine, ainsi que Ryszard Brzezinski, de la Faculté des sciences, ont mis dix ans à développer leur approche. Pour produire la molécule, ils utilisent un enzyme â tenu secret tant qu'ils n'auront pas obtenu de brevet. Comme tout polymère, le chitosane se présente sous la forme d'une longue chaîne de molécules semblables. « Nous avons trouvé le moyen de produire, à partir de longues chaînes de chitosane, des chaînes plus petites, d'une longueur précise. En effet, la longueur des chaînes influence l'efficacité du chitosane à faire diminuer le cholestérol », explique Jean-Guy Lehoux.
D'ici la fin de 2003, les chercheurs compléteront une première étude clinique chez l'humain pour démontrer â espèrent-ils â la plus grande performance de leur molécule, qu'ils ont nommée Chitodextrin. Le processus d'autorisation pour en faire un médicament prendra encore plusieurs années, mais en attendant, la Chitodextrin sera vendue dès cette année sous la forme de supplément alimentaire.
Les scientifiques poursuivront également des recherches fondamentales, car on ignore encore le mode d'action précis du chitosane. On croit que la molécule se lie au cholestérol dans l'intestin, le tout étant ensuite excrété sans être absorbé par le système sanguin. Mais les chercheurs étudient aussi un autre mécanisme, plus plausible selon eux. « Le cholestérol est produit naturellement dans le foie, envoyé dans l'intestin pour aider à l'absorption de certains nutriments, puis recapté par le foie. Le chitosane empêche probablement la recaptation par le foie », pense Jean-Guy Lehoux.
Catherine Dubé