Russie
Une équipe de scientifiques russes et américains a déclaré dimanche qu'elle avait créé en laboratoire deux éléments qui ne figurent pas encore au tableau périodique de Mendeleïev. Les noyaux des deux nouveaux atomes comprennent respectivement 113 et 115 protons, soit plus que tout autre élément trouvé à l'état naturel sur la terre. Pour arriver à leur fin, les physiciens de l'Institut associé pour la recherche nucléaire de Dubna, en Russie, et du Lawrence Livermore National Laboratory de Californie ont bombardé des atomes d'americium (nombre atomique : 95) avec des atomes de calcium (nombre atomique : 20).
Du bouillon de réactions nucléaires, quatre atomes de l'élément 115 sont nés. Ceux-ci n'ont survécu que 90 millisecondes avant de se désintégrer pour former un second élément, de 113 protons. Ce dernier a survécu 1,2 seconde. Les deux éléments ont provisoirement été nommés ununtrium (113) et ununpentium (115). Des noms plus appropriés seront donnés une fois que la découverte aura été confirmée.
Avec ses 92 protons, l'uranium est l'élément le plus lourd que l'on puisse trouver dans la nature. Au-delà de cette taille, on soupçonne que les atomes soient hautement instables. En effet, on sait qu'un nombre trop élevé de protons crée un stress sur le noyau qui, par conséquent, se désintègre rapidement. Les physiciens croient cependant qu'il pourrait exister des « plages » de stabilité où des atomes comptant 114, 120 ou 126 protons arriveraient à organiser la structure de leur noyau de façon à diminuer l'opposition des forces.
À ce jour, des physiciens ont réussi à créer un atome de 110 protons, nommé Darmstadtium. D'autres atomes de 111, 112, 114 et 116 protons ont aussi été rapportés dans la littérature, mais sont toujours sous investigation. L'ununtrium et l'ununpentium seront soumis au même processus avant d'être officiellement reconnus et de faire leur entrée au tableau périodique. Cette étude pourrait durer plusieurs mois, voire des années. En 2001, un scientifique avait affirmé avoir créé un atome de 118 protons dans son laboratoire. L'enthousiasme avait fait place au désenchantement lorsqu'on avait découvert que les résultats étaient frauduleux.
Dominique Forget