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Tout n'est pas perdu pour l'homme. En tant qu'être biologique, la science s'occupe même bien de lui. Espérance de vie, démographie, santé, tous les indicateurs sont à la hausse aujourd'hui. « Même l'épidémie d'influenza, qu'on attend depuis 10 ans, ne se déclare pas », s'exclame Roger Savard, immunologue au Centre hospitalier de la Sagamie. M. Savard est intervenu lors d'un bar des sciences à Jonquière, au Québec, organisé par le Cégep de la région. Au cours de ce débat informel, les scientifiques et le public ont échangé sur l'épineuse question de la disparition de l'homme.

« En contrepartie, la génétique nous montre que la banane a encore plus de gènes que l'homme, ce qui peut paraître décourageant! », s'amuse Pascal Picq, paléoanthropologue du Collège de France et invité au bar des sciences. Cependant l'homme a les moyens de prendre en main son avenir, contrairement à la banane. Si 95 % des enfants des sociétés occidentales n'auront bientôt plus ni frères, ni soeurs, c'est un phénomène de comportement avant d'être un problème biologique. « De même que la pauvreté est une menace terrible pour l'humanité. Une personne sur deux vit avec moins de deux dollars par jour », explique Jules Dufour, géographe et Commissaire international-Aire de conservation de l'Arenal au Costa Rica.

L'avenir de l'homme se trouve donc dans sa capacité à réfléchir sur lui-même, pas dans son bagage génétique. Il doit aujourd'hui préserver la diversité culturelle qui le caractérise. « C'est une espèce qui, à mon avis, ne s'appelle pas encore sapiens. Mais elle peut agir sur sa disparition et devenir plus responsable", dit le paléoanthropologue, qui est aussi président de l'Association du bar des sciences de Paris. Une réflexion que partageait un quatrième invité, Alejandro Rada Donath, professeur d'éthique de société au département des Sciences humaines de l'université du Québec à Chicoutimi.

Les bars des sciences, initiés au Québec par le magazine Québec Science, regroupent chercheurs et public autour d'un thème et favorisent ainsi la diffusion de la culture scientifique. Au bar de Jonquière en tout cas, la science coulait à flots.
 

Isabelle Masingue