Grande-Bretagne
Les océans recouvrent 75% de la surface de la planète et pourtant, nous ne savons pas grand-chose sur leur climat. Et quand on essaie de déterminer à quel point celui-ci a changé depuis l'ère industrielle, les données sont encore plus rares. Mais il existe une masse d'information détaillée sur le sujet qui n'a encore jamais été exploitée : les journaux de bord des capitaines de l'ère de la marine à voile. L'Université de Sunderland, en Grande-Bretagne, dirigera pendant trois ans un effort international pour dépouiller ces archives.
À l'époque où la navigation reposait sur une bonne connaissance de la météo et du régime des vents, les capitaines entretenaient des journaux de bord très détaillés, tenus à jour quotidiennement et parfois même toutes les heures. Le projet s'intéressera aux volumineuses archives britanniques, françaises, hollandaises et espagnoles pour la période allant de 1750 à 1850. Comme ces pays avaient de très grands empires coloniaux, leurs navires reliaient régulièrement les grands ports des cinq continents.
Selon les chercheurs, ces notes donneront une bonne idée du climat qui régnait sur les sept mers à l'époque. Les journaux de bord contenaient des indications sur la force du vent, sa direction, ainsi qui sur l'état de la mer et du ciel. Les spécialistes du climat participant à l'étude compileront ces résultats dans de grosses bases de données qui seront disponibles sur Internet. On espère en tirer un tableau relativement complet de la météo ancienne à l'échelle globale.
Ces archives maritimes, précieusement conservées depuis des siècles, n'ont guère servi jusqu'ici. Romanciers et historiens s'en sont servis pour reconstituer quelques épisodes célèbres, la bataille navale de Trafalgar en 1805, par exemple. Mais personne ne s'était encore avisé de leur valeur scientifique pour l'étude des climats anciens. En observant comment le temps a changé depuis deux siècles, les spécialistes espèrent déterminer comment il continuera à évoluer à l'avenir.
Philippe Gauthier