Egypte 

Les hiéroglyphes l'avaient prédit: les Égyptiens de l'Antiquité vénéraient le roi des animaux. On voit souvent des lions parmi les ornementations murales laissées par les anciens habitants de la vallée du Nil. Aussi mentionnés dans les écrits des historiens de l'Antiquité, la bête était élevée en captivité et enterrée avec ses maîtres. Mais la preuve de ce culte restait encore à faire. Alors que de nombreux chats momifiés ont été trouvés par les archéologues, on n'avait encore jamais mis la main sur un lion.

C'est maintenant chose faite. Trois chercheurs de la Mission Archéologique Française du Bubasteion ont exhumé la première momie complète d'un lion mâle dans une catacombe de chats dans la ville de Saqqarah. Leur travaux paraissent aujourd'hui dans la revue britannique Nature. L'endroit où le fauve a été découvert était une nécropole sacrée dédiée à Bastet, la déesse des chats, aussi connue sous le nom de Bubastis. C'est en fouillant sous un tapis d'ossements animaux et humains datant de quelques siècles avant J.-C. que les chercheurs ont trouvé la bête. Son squelette reposait sur un rocher, le corps orienté vers le soleil levant et la tête pointant vers le nord.

Malgré l'absence de bandelettes, plusieurs détails révèlent que l'animal était vénéré. En plus de la position bien précise de son corps, on a trouvé de petits fragments dégradés de tissu dans la cavité de ses canines et des colorants sur ses os semblables à ceux des chats momifiés retrouvés sur le site. La découverte est exceptionnelle car c'est la première fois qu'un squelette complet de lion est trouvé sur un site pharaonique sacré, ce qui appuie les textes anciens racontant que ces animaux étaient élevés dans l'enceinte de sanctuaires et étaient enterrés dans des nécropoles animales sacrées.

Près de 1500 ans plus tôt, la dite catacombe était en fait le tombeau de Maïa, la gouvernante du roi Toutankhamon. Les Égyptiens de la Basse Époque ont plus tard reconverti l'endroit pour répondre aux besoins du moment.
 

Joel Leblanc