Grande-Bretagne 

Pour les carnivores en captivité dans les zoos, au-delà de toute autre privation, c'est la perte d'espace qui nuit à leur bien-être, d'après les chercheurs du département de zoologie de l'université d'Oxford. Ils ont publié dans la revue Nature de cette semaine les résultats de leurs données sur 35 espèces de carnivores dans plus de 500 zoos à travers le monde.

Selon le Dr Georgia Mason, les espèces qui parcourent de grandes étendues en milieu sauvage ont plus de difficultés à s'adapter à la captivité que les espèces sédentaires. On pensait auparavant que les animaux en captivité souffraient surtout de ne pouvoir chasser et occuper leur temps à trouver la nourriture par eux-mêmes. Le Dr Mason croit plutôt que la surface habitable est le vrai problème : ces animaux se sentent trop à l'étroit.

À l'inverse des carnivores plus sédentaires, les ours polaires, les lions et d'autres espèces habituées à bénéficier de larges territoires manifestent davantage de stress ou de dysfonctions psychologiques. Leur taux de mortalité infantile en captivité est plus élevé, de même qu'un certain type de comportement stéréotypé, le « pacing », cette habitude qu'ont les animaux de tourner sans fin dans leur enclos ou leur cage, selon un itinéraire toujours identique. Les chercheurs préconisent entre autres aux zoos d'agrandir les habitats. L'espace typique dont bénéficie en effet un ours polaire est à peu près le millionième de son territoire naturel.

Les carnivores en seront-ils plus heureux pour autant ? Les avis sont partagés. À la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal, le Dr Stéphane Lair, du département de sciences cliniques, pense qu'il faut se garder d'un jugement anthropomorphique. « La captivité constitue un environnement différent et les comportements stéréotypés ne sont pas forcément des signes de mal être chez les animaux. À moins d'être associés à des changements pathologiques, comme le développement de plaies aux pattes, explique-t-il. Mais je m'inquiète plus de leur trouver des occupations toute la journée que de la taille de leur espace vital. »
 

Isabelle Masingue