La mise en réseau de plusieurs télescopes à ondes radio, basés en Arizona, en Espagne, en Finlande et au Chili, a permis au télescope virtuel de voir le jour. Astronome à l'Observatoire Haystack du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Sheperd Doeleman estime que ce dernier possède un pouvoir de résolution jamais atteint auparavant: il permet d'observer, de New York, les creux et les bosses d'une balle de golf située à Los Angeles.
Cet appareil utilise la technique de l'interférométrie, qui combine les faisceaux de différents radiotélescopes. L'interférométrie est une technique d'observation qui permet d'atteindre une résolution supérieure à celle d'un télescope classique et donc de discerner des détails très pointus. Directrice du Radio-observatoire de l'Arizona, Lucy Ziurys précise que le télescope virtuel est capable de détecter des ondes plus courtes et des émissions radio à plus haute fréquence.
Le nouveau télescope permettra d'expliquer pourquoi les galaxies dites actives, comme les radiogalaxies, les quasars et les galaxies de Seyfert, dégagent autant d'énergie. Une galaxie active est une galaxie dont le noyau libère d'énormes quantités d'énergie sous forme de rayonnement électromagnétique. Cette énergie surpasse celle que libère l'ensemble des étoiles de la galaxie. « Il existe deux types de galaxies actives : les galaxies qui sont en train de produire des étoiles et celles qui possèdent un trou noir massif en leur centre », explique Louis Bernstein, astronome au Planétarium de Montréal. « Ces galaxies éjectent des courants de particules à des millions d'années-lumière de distance. L'excès d'énergie provient de là », ajoute-t-il. Mais le mécanisme de ces éjections de matière est méconnu. Avec le nouveau télescope, les astrophysiciens espèrent donc capturer des images détaillées de ces jets de particules et comprendre le pourquoi des éruptions.
Les astronomes, qui s'intéressent à la Voie lactée où de telles émissions d'énergie ont été détectées, vont maintenant observer le centre de celle-ci où existerait un trou noir supermassif. Les émissions d'énergie constitueraient la dernière trace de la matière avant que cette dernière ne soit avalée par le trou noir.
Aurélie Deléglise