Grande-Bretagne
La dernière édition du magazine New Scientist consacre un inquiétant article à la maladie de la vache folle. L'épidémie est à peu près sous contrôle chez les bovins, même si les gouvernements admettent difficilement qu'elle n'est pas encore parfaitement éradiquée. Mais l'inquiétude provient plutôt des autres animaux de boucherie, le mouton notamment. Car eux aussi ont consommé des aliments contaminés et certains faits donnent à penser qu'ils pourraient transmettre la maladie.
Les maladies du type de celle de la vache folle infectent différentes espèces de différentes manières. Un poulet, par exemple, pourrait être porteur du prion qui la cause sans développer la maladie. Mais quelqu'un qui consommerait la chair de cet animal contaminé pourrait, en principe du moins, contracter la maladie de Creutzfeldt-Jakob, la forme humaine du terrible mal. Et on ignore tout des risques de transmission d'une espèce animale à l'autre.
Jusqu'ici, la science a confirmé que les porcs et les poulets ayant mangé de la nourriture contaminée n'ont pas développé la maladie de la vache folle. Mais on n'a pas encore vérifié si nourrir des vaches avec des carcasses de porcs exposées à la maladie ne les contaminait pas. Il y a donc un doute. Et il est d'autant plus grand que plusieurs pays d'Europe n'ont pas encore interdit les moulées contenant des carcasses d'animaux. Et que d'autres pays que la Grande-Bretagne (France, Portugal, Allemagne, Suisse...) comptent encore des bovins malades.
Et puis il y a le mouton. Lorsqu'on le nourrit avec de la nourriture infectée par la maladie de la vache folle, il développe une maladie très semblable à la tremblante. La tremblante du mouton, endémique en Europe, est considérée comme inoffensive pour l'homme. Mais comment savoir si un animal malade a simplement la tremblante, ou s'il est porteur de la maladie de la vache folle? La question est d'autant plus préoccupante que le prion semble infecter toute la viande chez le mouton, alors qu'il se concentre dans le cerveau et les tissus nerveux chez les bovins. Dans le doute, un pays comme le Canada a choisi d'éradiquer la tremblante.
Autre inconnue : les produits sanguins. Rien ne prouve pour l'instant que la maladie de Cretzfeldt-Jakob se transmet par les transfusions sanguines. Mais rien ne prouve le contraire non plus. Bref, il n'est pas certain que le cauchemar de la vache folle appartienne vraiment au passé. Mais cette fois, la recherche se déroule de manière différente : plus ouverte, elle explore mieux les avenues possibles de contamination et se préoccupe davantage des impacts sur la santé publique. C'est toujours cela de pris.
Philippe Gauthier