Grande-Bretagne 

L'aquaculture est souvent considérée comme une alternative plus écologique à la pêche en haute mer. Mais une étude publiée dans la revue Nature jette une douche d'eau froide sur l'élevage des poissons en captivité. Loin de protéger les ressources naturelles, cette pratique aurait un impact désastreux à la fois sur l'environnement et sur les stocks de poissons en haute mer. En fait, selon les experts, l'aquaculture intensive n'est pas soutenable à long terme.



Le principal problème de l'aquaculture, c'est que d'énormes quantités de poissons sauvages sont pêchés afin de nourrir les poissons élevés en captivité. Des espèces comme le maquereau et l'anchois sont transformées en moulée et servies comme aliment de base dans les élevages. En fait, il faut pêcher jusqu'à trois tonnes de poissons en haute mer pour produire une tonne de truite ou de saumon d'élevage.

Autre problème : les variétés élevées en captivité sont souvent sélectionnées pour certaines caractéristiques précises. Elles présentent donc des faiblesses ou des vulnérabilités génétiques sans conséquence en aquaculture, mais potentiellement dévastatrices lorsque des poissons s'échappent et transmettent ces gènes douteux aux populations sauvages. Actuellement, 40% des saumons capturés dans l'Atlantique sont en fait des variétés d'élevage vivant en liberté.

Une aquaculture réellement écologique est toutefois possible. Les chercheurs citent la Chine en exemple. On y élève depuis des siècles différentes variétés de carpes dans les mêmes étangs, ce qui crée des mini-écosystèmes bien équilibrés. Par ailleurs, il est possible (et souhaitable) de nourrir les poissons d'élevage avec des protéines végétales plutôt qu'avec des produits de la pêche. Enfin, il faut éviter de transformer les rares marécages qui subsistent encore en élevage, afin de protéger l'environnement. 

Philippe Gauthier