Canada
Les grands barrages hydroélectriques produisent annuellement 2,265 terrawatts/heure d'électricité dans le monde, une tendance à la hausse, selon l'UNESCO. Alors que la Sommet de l'eau bat son plein à Kyoto, une question semble avoir été oubliée : la pollution des eaux au mercure par les grands barrages.
En inondant d'immenses surfaces, les barrages favorisent la dégradation de la matière organique. Celle-ci libère du mercure qui se transforme en méthyl-mercure, une substance qui s'accumule dans la chaîne alimentaire et est particulièrement toxique pour l'être humain et la faune. Dans certains cours d'eau du Canada, les concentrations de mercure dans les poissons sont supérieures à celles jugées sans danger pour la consommation par les humains ou par les animaux ichtyophages comme les loutres ou les huards. Près de ces barrages, femmes enceintes et enfants doivent s'en tenir à une consommation limitée de poissons.
Le Canada, plus grand producteur d'hydroélectricité au monde, est toujours sans politique claire en matière de contamination au mercure dans ses barrages. Récemment, six secteurs à l'origine de 80 % des émissions de mercure au Canada (les fonderies de métaux communs, les centrales au charbon, les déchets dangereux, les déchets biomédicaux, les déchets solides municipaux et l'incinération des boues d'épuration) ont planché sur l'élaboration de «standards pancanadiens». Par exemple, on favorise le remplacement du métal par un substitut exempt de mercure dans les lampes à mercure et on s'assure que les résidus d'amalgames dentaires ne pénètrent pas dans l'environnement. Mais les standards pancanadiens relatifs aux émissions de mercure provenant de la production d'énergie électrique se font toujours attendre.
Josiane Picot