États-Unis
Ne comptez pas trop sur votre médecin pour vous envoyer du courrier électronique. Selon une étude réalisée par Michael Barrett, de la firme américaine Forrester Research, les médecins détestent Internet. Ils ne voient pas le besoin de s'y annoncer et ne croient tout simplement pas que le réseau peut les aider à pratiquer leur métier. D'ailleurs, selon une enquête de l'Association médicale américaine réalisée en août 1999, 63% des médecins n'ont jamais mis les pieds sur Internet. Et ils n'ont peut-être pas tort.
En général, les médecins ne manquent pas de clientèle, fait remarquer l'analyste, qui a interrogé 60 praticiens et spécialistes du commerce médical en ligne. Le bouche à oreille leur fournit très efficacement leur pratique, au point qu'ils manquent de temps et se sentent stressés. Dans ces conditions, quoiqu'en pensent les spécialistes de la médecine sur Internet, la promotion des cabinets sur le web n'a guère d'avenir.
Mais il y a pire. Plusieurs spécialistes d'Internet aimeraient forcer les médecins à communiquer avec leurs patients par courrier électronique. C'est un concept mort-né, croit Michael Barrett. Les échanges électroniques s'ajouteraient aux horaires de travail déjà chargés des médecins sans rien y soustraire. Cela ne remplacera jamais les consultations en cabinet. Et même si c'était possible, le médecin y perdrait de l'argent, car personne ne prévoit encore le rétribuer pour ces consultations électroniques.
Par ailleurs, les médecins branchés (il y en a, même s'ils n'envoient pas de messages à leurs patients) ne fréquentent pas les sites commerciaux d'information médicale, même lorsqu'ils s'adressent aux professionnels de la santé. Ils préfèrent les sites entretenus par les gouvernements ou les organismes sans but lucratif. C'est que les praticiens, souligne l'analyste, en ont marre de la commercialisation croissante de leur métier.
S'il a de l'avenir pour la médecine sur Internet, elle se situe plutôt du côté des assistants personnels, ces ordinateurs de poche capables de récupérer le dossier médical d'un patient en pleine consultation ou de rédiger une ordonnance que le pharmacien n'aura aucun mal à lire. Mais rien n'est gagné d'avance : les entreprises qui fournissent gratuitement ces appareils aux médecins ajoutent des pages d'accueil encombrées de publicité ou livrent des logiciels trop spécifiques, ce qui nuit à leur efficacité.
Philippe Gauthier